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L’En Vie dans toute sa beauté – Valérie J’espère pour l’ouvrage “Envier ou avoir envie”

EXTRAIT DU NOUVEL OUVRAGE COLLECTIF DU CERCLE DU LEADERSHIP « Envier ou avoir envie »

 

Par : Valérie J’espère, Réveilleuse de conscience, fondatrice de Chromosphère.

 « Le mot n’est pas la chose. »
Krishnamurti

 


Pour investiguer ce concept de l’envie, il convient de cerner ce que nous révèle ce mot. Une écoute mentale suggère de donner du sens au mot et de jouer de ses synonymes pour mieux l’appréhender dans ce qu’il suggère, dans ses nuances. Nous pouvons alors peut-être le comprendre en fonction de notre niveau de connaissances, à partir de nos références, nos filtres culturels, scientifiques, philosophiques…
Mais est-ce comprendre ce mot ? « Comprendre n’est pas savoir, c’est résister
1 », résister à se laisser submerger, envahir, habiter par le mot ! Ainsi, si l’on prend le temps de l’écouter, de le saisir, de le sentir, non pas d’un point de vue mental, mais dans son ensemble, dans l’écoute intérieure de ce qu’il nous révèle alors, on peut déjà entendre ce qu’il suggère.

Dans « en vie » ou « envie », les deux mots se rejoignent et se séparent comme pour mieux exprimer ce qui se joue en nous.

 

LES 3 corps de nos vies

 

Dans la conscience ordinaire, nous considérons le fait d’être en vie comme normal, voire comme un dû. Nous avons peu conscience d’être un miracle de la Nature… dans ce qu’il y a de plus sacré.

Il faudra de nombreuses petites morts de notre personnalité de surface (ego) et la maturité pour percevoir sur le chemin la grâce d’avoir un corps qui vibre de cette vie. Et avoir envie de l’expérimenter pleinement. C’est ce que l’on nomme l’acceptation pleine et entière de son incarnation. Accepter de vivre libéré de la nostalgie de l’ailleurs ou de la blessure de séparation de la matrice originelle. Accepter de ne plus se sentir séparé de quelque chose qui n’est pas visible et dont pourtant nous portons les stigmates au niveau du cœur…


Nous sommes en vie et pourtant nous agissons la plupart du temps comme si nous ne l’étions pas. Parce que nous ne sentons pas la vie dans son entièreté. Nous n’avons pas appris à distinguer les différentes parties de nous-mêmes qui contribuent à créer notre unité d’être. 


Nous percevons notre vie par fragments, par impulsion de nos différents corps :
le corps physique, qui permet d’être vivant et d’expérimenter à travers nos sens. Il envoie des impulsions par rapport à ses besoins pour fonctionner (manger, boire, être au chaud, être en sécurité…). Dès qu’il va « mal », nous comprenons très vite que cette vie qui nous paraissait être un dû n’est pas acquise ;
le corps émotionnel, qui nous permet d’enregistrer les émotions que suscitent les perceptions transmises par nos sens. Il enregistre, en fonction d’un bien ou mal-être affectif (être aimé, reconnu…), les besoins d’amour, de confiance, d’accueil, d’écoute… ;
le corps mental qui analyse, classifie, donne un sens en fonction de ce qui a été enregistré sur notre disque dur dans l’enfance… pour donner une cohérence à ce qui est perçu, vécu.

C’est dans notre construction d’être humain que l’envie et l’« en vie » s’entrelacent et se jouent de multiples sens. Parce qu’au fur et à mesure de notre développement, nous allons adopter des masques pour nous sentir rassurés (physiquement, émotionnellement et intellectuellement). Et nous allons, non pas être en vie, mais être en survie…

 

parcours de vie

 

Enfant, l’être va vibrer simultanément l’« en vie » et l’envie. En découvrant le monde, il va apprendre à observer les réactions qu’il suscite, lorsqu’il manifeste des envies plus précises, plus pressantes, plus insistantes. Il découvre les règles, petit à petit, et commence à être conditionné totalement par les croyances, les valeurs, de ses parents, de son entourage, de la culture du pays où il est né, de l’époque et de l’héritage de ses aînés… La construction de sa personnalité s’établit. En fonction des réponses de son environnement, il va intégrer ce qu’il peut ou ne peut pas faire. Le fait d’être en vie et d’être soi n’est plus suffisant, il doit se comporter de telle ou telle façon pour se sentir en sécurité émotionnelle (se sentir aimé, accueilli, reconnu, validé…). Son plaisir « d’être » est conditionné par l’Autre. C’est la découverte d’un
amour conditionnel…

Adolescent, l’envie et l’« en vie » vont être deux notions qui auront une importance capitale dans le processus d’individuation, dans le sentiment d’existence propre, unique, entière.

C’est à cette période que le corps mental se développe plus profondément, demandant à l’être de structurer sa pensée, d’apprendre à communiquer avec justesse ses besoins, ses envies, ses désirs, ses élans, tout en respectant son environnement.

C’est l’époque d’un mal-être, d’une crise entre ce que le corps impulse et les désirs de découvrir son intimité et le partage avec un Autre, extérieur à l’environnement familial réduit.

L’ouverture sur le monde lui demande de commencer à prouver qu’il mature, qu’il est capable de poser ses besoins, de les défendre tout en étant policé et dans le cadre de référence de sa famille.

À nouveau, l’être est tiraillé entre ses envies propres (physiques, émotionnelles et mentales) et celles qui sont autorisées par l’environnement !

Adulte, l’être va passer par de nombreuses étapes entre les envies de sa personnalité de surface (ego : ses plaisirs, ses rêves, désirs plus ou moins assumés), et son envie réelle de toucher, goûter, sentir, savourer ce qui le rend vraiment vivant. Tout est dicté par ce qu’a enregistré son subconscient depuis l’enfance. C’est la découverte à travers les expériences de la vie et de qui il est vraiment.
S’opère alors une déconstruction de la personnalité pour revenir à l’essence de nous-mêmes.

Sortir de la comparaison, sortir du mental et se libérer du connu, de la société bien-pensante ou des dernières pseudo-réussites de quelques-uns qui nous imposent leur façon d’être et de vivre comme exemple. 

Tout cela pour combler un vide, un manque à l’intérieur de soi : sa propre présence à soi. Nous sommes constamment en train de projeter pour demain, planifier, gérer le risque… ou alors coincés dans le passé, à répéter, ruminer les souffrances vécues… ou alors nous sommes dans l’Autre, ses besoins, ses désirs, nous nous perdons en lui dans un besoin de fusion pour combler notre propre solitude, notre difficulté à nous aimer tel que nous sommes. 


Nous évitons cette confrontation avec le « dedans » qui nous fait peur, car il implique de se regarder véritablement, de s’apprivoiser, de s’accueillir avec nos ombres, notre violence non exprimée, d’assumer véritablement nos vrais besoins et désirs d’âme. Cela implique d’accepter sa vulnérabilité, de se reconnaître soi-même, de devenir son propre maître.


C’est sortir des peurs du jugement des autres, de la culpabilité à prendre soin véritablement de nous. C’est être véritable, authentique et sincère envers nos aspirations profondes. Cela implique donc une mort de l’ego de surface.
Les plaisirs issus de la satisfaction des désirs de l’ego nourrissent la dépendance, les plaisirs de l’être véritable nourrissent la liberté. Le plaisir issu de l’ego épuise, génère le chaos, le plaisir de l’être ouvre le cœur, génère la cohérence et l’unité en soi.

 

 Toutes nos envies

 

L’envie, en un mot, évoque dans son mouvement, une impulsion.
Quelque chose qui émane du corps, de notre ventre bien souvent… et qui tend à s’élancer vers l’extérieur.
Il y a alors toutes les envies qui nous illusionnent, qui masquent nos véritables aspirations.
Les envies que nombre de philosophes, sociologues, anthropologues, psychanalystes et thérapeutes ont décortiquées…
L’envie maligne, la jalousie, le désir de la possession. Autant d’états liés à l’ego qui tourne en boucle à la surface de notre être dans une souffrance répétée du manque et de la compulsion, et la satisfaction éphémère. Tout cela entretient un vide qui ne se remplit jamais véritablement et qui plonge dans une insatisfaction plus ou moins croissante chez les êtres.

Cette partie étant développée dans cet ouvrage avec connaissance et sagesse, regardons l’envie d’un point de vue plus vertueux, plus intérieur aussi…

Cette autre envie qui vient du ventre, du cœur ou de la tête et parfois même qui émane de façon profonde des trois endroits à la fois, dans un alignement parfait. Le genre d’envie qui provoque un élan créateur, un enthousiasme, une direction, presque une certitude que « C’est cela, oui ! Ça ouvre, c’est juste, ce waouh ! »
Cette envie comme un appel ! Un appel de notre nature profonde qui a pu se frayer un passage à travers notre ego.
Bien souvent, nous manquons de connaissances de notre vie intérieure et nous avons beaucoup de mal à discerner véritablement d’où cela vient. Un mélange de vérité de l’instant, d’intuition. C’est souvent flou mais cela engage tout notre être.
C’est l’envie dans toute sa beauté. Une envie qui émane de la profondeur de notre être et non pas de notre personnalité de surface (l’ego). C’est une envie saine, vraie, une envie authentique parce que, justement, elle rayonne notre vie intérieure. C’est notre conscience d’être la vie qui s’exprime. C’est tout notre être qui suit le mouvement intérieur dans la conscience de l’instant.
Que trouvons-nous dans ce mouvement ?
Connectés à cette envie qui émane, nous ressentons notre propre présence qui s’exprime. Elle est empreinte de la qualité de ce que nous avons connu enfant… avant le formatage !


Nous retrouvons :
un sentiment de liberté d’être, de s’autoriser à accueillir et à répondre à cette envie sans culpabilité ni jugement, juste comme l’expression saine de ce qui vibre au plus profond de notre être, tel qu’il est, avec ses imperfections et ses qualités ;
un sentiment de créativité d’ouverture qui nous pousse à agir et à créer ce qui nous tient à cœur. Cet élan qui nous guide sur notre propre voie ;
un émerveillement, par cette envie qui nous amène à nouveau à cet endroit de nous-mêmes où nous pouvons goûter la joie de la découverte, comme une première fois. Une fois unique, emplie d’intensité, parce que nous sommes totalement là, dans l’instant présent, complètement fondus dans l’expérience dans tout notre corps. Nous nous sentons profondément vivants (« En Vie ») et conscients de l’être. Nous vibrons totalement la Vie ! Et nous n’avons plus peur de cela, de cette puissance, de cette explosion de sens, de l’explosion de nos perceptions, sensations. Nous ne cherchons pas à enfermer ce que nous ressentons par l’analyse du mental qui pose une étiquette, une évaluation dessus. Nous sommes cet état, nous nous sentons à nouveau connectés à l’ensemble, nous ne vivons plus cette séparation originelle…


Apprenons à retrouver cette envie vertueuse et à répondre à l’envie d’être, celle qui nous permet de goûter pleinement au privilège de la vie. 

 

1. L. Devillairs, Guérir par la philosophie, PUF, 2017.

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