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Acheteur Public, un métier (à part) entière ? – Brice Malm, Directeur de la Practice Achats & Supply Chain

par Brice Malm, Directeur de la practice Achats et Supply Chain de Grant Alexander, expert du capital humain et de la transformation des Achats.

 

La fonction achats, telle que nous la connaissons dans le secteur public, a évolué ces dernières années et continue d’évoluer pour se rapprocher des standards de la profession. Effectivement, les dirigeants des organisations publiques ont tout intérêt à chercher à tirer le meilleur parti de la fonction achats qui représente une part non négligeable de leurs dépenses de fonctionnement et d’investissement. Les organisations publiques semblent pourtant s’orienter, tant bien que mal et progressivement, vers une optique d’innovation. Partant de ce constat, la nécessité de développer la performance achats dans le secteur public apparait dès lors essentielle. L’achat public représente un moyen de mettre en oeuvre, dans les meilleures conditions, les compétences dévolues à la personne publique « acheteuse » et ce dans une logique de satisfaction de l’intérêt général. Bien que motivé, les initiatives en termes d’amélioration de la performance achats restent faibles et très hétérogènes selon les organisations publiques.

Les propos de Barreyre (2010) sont pertinents pour illustrer le contexte évolutif dans lequel les acheteurs publics sont immergés : « dans les organisations publiques, beaucoup de chemin reste à faire mais le mouvement est aussi engagé. Or, tant il est vrai qu’il n’y a pas de révolution sociale sans transformation de référentiels intellectuels, ici comme ailleurs, le monde réel des affaires interagit avec celui des idées sans que l’on sache qui est le primum moyens dans un processus itératif. Ainsi la morphogenèse des organisations d’achat présupposait que les entreprises trouvent, dans leur environnement socioculturel, les incitations et les ressources catalyseurs du changement ».

Si beaucoup de pratiques ont été recensées ici ou là, l’évolution du Code des marchés publics, des recrutements d’acheteurs issues du privé et les multiples innovations, et bien sûr le contexte de sécurisation juridique, reléguant au second plan la recherche de l’efficience et de la performance économique (Desmazes, 2001), complexifient, globalement la professionnalisation de la fonction achats publics. A cet égard, dans certains cas, le retard est tel que l’on en vient à s’interroger sur l’existence réelle de la discipline des achats publics et du métier d’acheteur public.

La raison est simple : les organisations publiques peinent aujourd’hui à mettre en lumière les différents leviers de la performance achats par manque d’intérêt pour le sujet de la maturité Achats. Or les hôpitaux, les collectivités locales et l’État devraient pouvoir s’appuyer sur un socle commun et un référentiel des bonnes pratiques achats.
Or, si pour d’autres fonctions, les objectifs précis permettant de situer le niveau de professionnalisation, il n’existe pas, à notre connaissance, de modèles de leadership achats appliqués aux achats publics en France.
A cet égard, il apparait urgent de construire un programme de développement du leadership et de professionnalisation pour parvenir à une fonction achats publics plus mature, et redorer l’image des achats publics au sein de la communauté achats, et ainsi de renforcer l’attractivité du secteur achats publics, perçu encore trop souvent aujourd’hui comme des achats peu valorisés par rapport à ceux du secteur privé.
Dans la pratique, les organisations achats matures sont celles qui s’appuient sur les meilleurs professionnels et savent implémenter ce type de stratégie et créer de la valeur globale au niveau de l’organisation. D’abord, la maturité achats doit correspondre au niveau de professionnalisation, de perfectionnement et d’expertise de la fonction achats. Ensuite, la maturité achats doit correspondre à la manière dont une fonction achats organise ses ressources, outils, pratiques, son panel fournisseurs et sa communication, pour générer de l’innovation à coût maitrisé et l’amélioration des services existants.

En ce qui concerne le développement des compétences, il s’agit par exemple, dans la pratique, d’intégrer dans le cadre des programmes de formations achats de l’enseignement supérieur, davantage de formations aux achats publics, en faisant intervenir des professionnels des achats publics, qui auront pour vocation de présenter la réalité des pratiques achats passionnantes à plus d’un titre.
La nécessaire implication des pouvoirs publics est essentielle dans la transformation de la culture de la performance des achats publics, via notamment des actions de promotion nationale de la fonction achats, tant au niveau des organisations publiques que des associations d’élus, associations des DGS, Direction des Affaires Juridiques, etc.

 

Article par Brice Malm, Directeur de la practice Achats et Supply Chain, pour le numéro spécial “Achetons Public” n°14 du Conseil National des Achats (disponible en téléchargement sur le site du CNA dans la partie médiathèque dans la rubrique revues).